contrat de forum pour les services logiciels/informatiques en ligne. – loi gavc – geert van calster

J’ai examiné l’opinion de Richard de la Tour dans l’affaire C-526/23 VariusSystems digital solutions GmbH contre GR propriétaire B & G ici. La CJUE s’est réunie fin novembre, l’ayant essentiellement suivi et en étant très brève. La partie opérationnelle de l’arrêt se lit comme suit :

Article 7, paragraphe 1, point b), deuxième tiret, du règlement (UE) n° 1215/2012 du Parlement européen et du Conseil du 12 décembre 2012 relatif à la compétence judiciaire, à la reconnaissance et à l’exécution des décisions en matière civile et commerciale

doit être interprété en ce sens que le « lieu d’exécution » d’un contrat portant sur le développement et l’exploitation continue d’un logiciel destiné à répondre aux besoins d’un client établi dans un État membre autre que celui dans lequel la société qui a créé, conçu et programmé ce logiciel Le logiciel est implanté est le lieu où ce client accède au logiciel, c’est-à-dire le consulte et l’utilise.

La Cour [21] se réfère en particulier à l’affirmation de la Commission européenne selon laquelle

S’agissant d’un contrat de fourniture de logiciels, tel que celui en cause au principal, il convient de constater, conformément à ce qui a été exposé par la Commission européenne dans ses observations écrites, que la conception et la programmation de logiciels ne constituent pas l’obligation qui caractérise un tel contrat, puisque le service qui fait l’objet d’un tel contrat n’est effectivement fourni au client concerné que lorsque ce logiciel est opérationnel. Ce n’est qu’à partir du moment où ledit logiciel pourra être utilisé et sa qualité pourra être contrôlée que ce service sera effectivement fourni.

Sauf votre respect, c’est absurde. Un service bancaire sous forme de prêt (voir CJUE Kareda) n’est-il pas fourni jusqu’à ce que l’argent arrive sur mon compte et devienne donc « opérationnel » ? Les conseils de mon marchand de whisky sur le single malt (voir CJUE Maison du Whisky) ne sont-ils fournis que lorsque je goûte le malt de mes propres lèvres, d’où « utiliser les conseils et l’inspecter » ?

Cette référence à l’utilisation et à l’inspection de l’OMI est quelque chose que la Cour finira par regretter : elle est d’une application très large et bouleversera sans aucun doute la référence brève à la prévisibilité du BIa. [15]. Les arguments du procureur général étaient plus ciblés et plus convaincants.

Geert.

Droit international privé de l’UE, 4e éd. 2024, 2.425.

Author: Isabelle LOUBEAU