La statue du Commandeur. À quelques jours de son départ à la retraite à 70 ans, voilà ce qu’est déjà François Molins, l’un des très rares, voire l’unique, magistrat à être devenu un personnage public, à la fois reconnu et apprécié des Français.

Il incarnait l’image du procureur en action cerné par ses gardes du corps. Cette stature en dit long : moins sur l’homme peut-être que sur l’ampleur du choc émotionnel, entre 2012 et 2016, du sentiment d’horreur et de terreur qui ont envahi la France et l’Europe. Quand le terrorisme islamique frappait et que mourir au sein d’une rédaction au petit matin, le soir dans une salle de concert, dans la rue, à une terrasse de café ou lors du feu d’artifice d’une des plus belles villes balnéaires n’était pas une dystopie mais une tragique réalité. Au bout de ces journées et de ces nuits de stupeur, qu’aucune parole d’hommes politiques ne pouvait estomper, une seule voix rassurait : celle de la justice, représentée par François Molins, alors procureur…