Suite à la séance du matin du Symposium SIAC 2024, qui a exploré des questions telles que les défis posés par l’intelligence artificielle (« IA »), le changement climatique et les perturbations commerciales (voir Partie 1), la séance de l’après-midi consistait en trois tables rondes plénières qui ont approfondi les questions fondamentales qui façonnent l’avenir de l’arbitrage. Ces sujets cruciaux comprenaient : les considérations éthiques guidant l’arbitrage, l’impact transformateur de la technologie dans l’arbitrage et l’évolution des valeurs et des attentes qui animent la communauté de l’arbitrage international.
Panel plénier II : Audience simulée – Éthique dans l’arbitrage international
Cette session, modérée par M. Kevin Nash (Greffier, SIAC), présentait une simulation d’audience d’arbitrage qui explorait les dilemmes éthiques critiques dans l’arbitrage international. Deux questions clés ont été abordées au cours de cette séance : (i) la question de savoir si une demande de radiation d’un rapport pour des raisons d’illégalité et/ou de privilège devrait être autorisée ; et (ii) si un membre du tribunal arbitral devrait refuser de continuer à agir en tant qu’arbitre pour cause de conflit d’intérêts.
Des personnalités du domaine de l’arbitrage, notamment le Professeur Bernard Hanotiau (Membre, Cour d’arbitrage SIAC ; associé, Hanotiau & van den Berg), professeur Lawrence Boo (Membre de la Cour d’arbitrage de la SIAC ; arbitre indépendant, The Arbitration Chambers) et Mme Judith Gill KC (Arbitre indépendant), a joué le rôle du tribunal arbitral.
La première question clé découle d’une requête du défendeur, représenté par M. Vijayendra Pratap Singh. (Membre de la Cour d’arbitrage SIAC ; associé principal et responsable (résolution des litiges), AZB & Partners) et M. Wade Coriell (Associé – Co-responsable des litiges internationaux, King & Spalding), cherchant à faire radier un rapport obtenu par le demandeur par des moyens prétendument illégaux et pour des raisons de privilège dans un différend sur la construction énergétique. Le demandeur a obtenu le rapport via un courriel provenant d’un expéditeur inconnu, soupçonné d’être l’un des pirates informatiques responsables du piratage des serveurs du défendeur. Le demandeur, représenté par Mme Wendy Lin (Associé, WongPartnership LLP) et M. John Rhie (associé directeur pour l’Asie, Quinn Emanuel), s’est vigoureusement opposé à la demande, affirmant que le rapport n’avait pas été obtenu par des moyens illégaux et qu’il n’y avait aucune preuve à l’appui de la revendication de privilège. Après avoir examiné les arguments des deux parties, le tribunal a conclu qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves pour établir que le demandeur avait obtenu le rapport illégalement ou qu’il était protégé par le privilège. Par conséquent, le tribunal a rejeté la demande du défendeur visant à radier le rapport. Le tribunal a estimé que le simple fait que le rapport provenait d’un expéditeur inconnu ne rendait pas automatiquement son acquisition illégale. Cependant, le tribunal a souligné que chaque cas doit être évalué en fonction de son contexte juridique spécifique et des lois applicables, notant qu’aucune règle universelle ne s’applique à de telles situations.
Le deuxième problème découle de la révélation selon laquelle l’un des membres du tribunal arbitral avait déjà exercé les fonctions d’arbitre dans une affaire distincte impliquant le même témoin expert, ce qui était un fait inconnu des parties avant l’audience. Après délibération, le tribunal a conclu qu’il n’y avait pas de conflit d’intérêts dans cette affaire, faisant référence aux lignes directrices de l’IBA sur les conflits d’intérêts dans l’arbitrage international. Ce scénario relève de la Liste verte, qui n’indique ni un conflit d’intérêts ni n’impose une obligation générale de divulgation. Néanmoins, le tribunal a souligné l’importance des divulgations proactives des conflits et a préconisé une évaluation rigoureuse afin d’éviter les risques associés à la non-divulgation et les problèmes éthiques potentiels.
Panel plénier III : La technologie dans l’arbitrage : des connaissances à la mise en œuvre et à l’intégration
Modéré par M. Daryl Chew (Associé, Three Crowns LLP), cette séance a porté sur le rôle croissant de la technologie dans l’arbitrage. Aux côtés de M. Chew, les panélistes étaient M. Cyril Shroff (Membre du conseil d’administration de la SIAC ; associé directeur, Cyril Amarchand Mangaldas), Mme K Shanti Mogan (Membre, Cour d’Arbitrage SIAC ; Associé, Shearn Delamore & Co), M. Jean-Rémi de Maistre (PDG et co-fondateur, Jus Mundi) et M. Avinash Pradhan (Directeur adjoint de l’arbitrage international, co-responsable du bureau Asie du Sud et associé, Rajah & Tann Singapore ; associé, Christopher & Lee Ong). La session a débuté par une démonstration en direct d’un outil de transcription d’IA, TERES. Cette démonstration ouvre la voie à une discussion plus large sur l’utilisation de l’IA dans l’arbitrage, en particulier sur la question de savoir si l’IA pourrait potentiellement remplacer les associés juridiques.
Le panel a ensuite exploré le potentiel de l’utilisation de l’IA dans l’arbitrage. Cela incluait la capacité de l’IA à aider à la réflexion sur des positions juridiques, ce qui a été démontré par Claude.aila fonction de chatbot IA de et la synthèse des documents de cas, qui a été démontrée à l’aide de Jus AIL’outil de synthèse alimenté par l’IA de.
Dans l’ensemble, le panel a exprimé son optimisme quant aux applications pratiques de la technologie juridique et de l’IA, tout en restant vigilant quant au potentiel d’« hallucinations » de l’IA – c’est-à-dire la génération d’informations inexactes ou fabriquées – et a souligné la nécessité de maintenir une surveillance humaine sur la technologie. La session s’est terminée par une démonstration de Maxwell Chambers, présentant des drones et la technologie de visualisation de site. qui peut aider les parties et les tribunaux dans les procédures d’arbitrage.
Panel plénier IV : Préserver les valeurs de l’arbitrage – Les 10 prochaines années
La session a été ouverte par le modérateur, M. Toby Landau KC (Vice-président de la Cour d’arbitrage de la SIAC ; avocat, avocat et arbitre, Duxton Hill Chambers (Singapore Group Practice)), qui a fourni un aperçu complet de l’état actuel de l’arbitrage et a souligné les défis potentiels liés à son succès continu. Les panélistes – Mme Karina Goldberg (Membre de la Cour d’arbitrage de la SIAC ; associée, Ferro, Castro Neves, Daltro & Gomide Advogados), Mme Margaret Joan Ling (Membre du Conseil YSIAC ; associée, Allen & Gledhill LLP), Mme Sara K Aranjo (Associé, responsable de la pratique arbitrage et litiges pour le Moyen-Orient et l’Afrique, Morgan, Lewis & Bockius LLP), M. Mohit Saraf (Fondateur et associé directeur, Saraf and Partners) et M. Kabir Singh (Partenaire, Clifford Chance) – a offert des informations provenant de différentes juridictions, notamment l’Amérique du Sud, le Moyen-Orient, l’Afrique, l’Asie et l’Europe.
La séance a débuté par une discussion sur la confidentialité – une caractéristique de l’arbitrage – et ses lacunes perçues, en particulier sa capacité à protéger les arbitres de tout contrôle concernant leur impartialité. Une suggestion avancée était de passer d’arbitres nommés par les partis à des arbitres nommés par les institutions afin de maintenir la neutralité. L’idée a suscité un débat car elle pourrait porter atteinte à l’une des valeurs fondamentales de l’arbitrage : l’autonomie des parties. Au lieu d’abandonner les nominations par les partis, certains panélistes ont plaidé en faveur d’un élargissement du vivier de talents et d’une amélioration de la qualité des arbitres pour répondre aux préoccupations de partialité.
Un autre point central était la tension entre la régularité de la procédure et l’efficacité des procédures d’arbitrage. Les panélistes ont discuté des avantages potentiels d’imposer des limites plus strictes aux plaidoiries, aux mémoires et aux contre-interrogatoires afin d’accélérer le processus. Le professionnalisme des avocats a été souligné comme étant essentiel pour maintenir cet équilibre, garantissant que la procédure régulière et l’efficacité sont préservées sans compromettre le processus d’arbitrage.
Le panel a également discuté d’initiatives visant à élargir le bassin d’arbitres et de praticiens du droit, en promouvant l’égalité des chances afin d’améliorer l’équité et la crédibilité des procédures d’arbitrage à l’échelle mondiale. Le panel a souligné l’importance de favoriser une plus grande représentation entre les cultures, les régions et les parcours professionnels tout en garantissant que l’arbitrage reste adaptable et tourné vers l’avenir pour relever les défis mondiaux. Cela inclut le maintien des valeurs clés de l’arbitrage telles que la confidentialité, l’impartialité, l’autonomie des parties, la régularité de la procédure et l’efficacité. Le panel a estimé qu’en acceptant la diversité sans compromettre les valeurs fondamentales, la communauté de l’arbitrage sera bien placée pour évoluer et relever les défis futurs au cours de la prochaine décennie.
Mot de clôture
Les coprésidents du Conseil du YSIAC, M. Benson Lim (Associée, Simmons & Simmons) et Mme Jennifer Lim (Avocat indépendant, Duxton Hill Chambers (Singapore Group Practice)), a clôturé l’événement en soulignant l’importance de préserver l’intégrité de l’arbitrage. Ils ont salué le rôle de Singapour en tant que plaque tournante permettant de rassembler diverses perspectives et d’encourager l’innovation tout en respectant les principes fondamentaux de l’arbitrage. Ils ont également souligné l’importance de favoriser une communauté mondiale d’arbitrage qui promeut un échange ouvert et sans restriction d’idées et de pratiques au-delà des frontières.
Réception de lancement de la passerelle SIAC
Le symposium SIAC s’est terminé par la réception de lancement de SIAC Gateway. La passerelle SIAC fournit une plate-forme numérique dotée de fonctionnalités uniques, notamment un système de dépôt de dossiers en ligne et un accès en temps réel aux procédures SIAC en cours, modernisant ainsi davantage les pratiques d’arbitrage.
Conclusion
Les séances de l’après-midi ont permis d’examiner en profondeur des questions critiques qui façonneront l’avenir de l’arbitrage : les dilemmes éthiques dans l’arbitrage, l’impact transformateur de la technologie juridique et l’importance de la surveillance humaine dans l’intégration de l’IA, ainsi que l’évolution des valeurs. qui sous-tendent les pratiques d’arbitrage à l’échelle mondiale. L’événement a souligné la nécessité d’équilibrer l’innovation avec les principes fondamentaux, afin de garantir que l’arbitrage continue d’être un mécanisme de règlement des différends attrayant et efficace au cours de la décennie à venir.