Fidèle à sa mission, ce blog va porter à votre connaissance un article qui a été relevé sur le web. La thématique est «la justice».
Son titre (Au tribunal, « les Robins des bois de l’énergie » n’assument pas) est parlant.
Présenté sous le nom «d’anonymat
», l’auteur est reconnu comme quelqu’un de sérieux pour d’autres articles qu’il a publiés sur internet.
Vous pouvez en conséquence vous fier aux informations qu’il publie.
Voilà ll’article en question :
L’affaire figure entre une histoire d’agression sexuelle et une autre de violence à l’entrée de la 11e chambre du tribunal correctionnel de Marseille. « Vol aggravé par trois circonstances » et « complicité de vol aggravé » au préjudice d’Enedis, filiale d’EDF chargée du réseau de distribution d’électricité en France, énonce le document épinglé à l’entrée de la salle. Les prévenus, Renaud H., Jean-Philippe A. et Mathias R. sont tous syndiqués à la CGT et c’est sous les vivats d’une centaine de leur camarades venus les soutenir qu’ils ont monté les marches du palais de justice.
Dans la salle d’audience, l’ambiance est plus feutrée, et la revendication collective des opérations « Robins des bois de l’énergie » laisse place aux dénégations individuelles, du moins pour ceux qui n’ont pas craqué lors de la garde à vue consécutive leur interpellation le 13 mars 2023, dans une France au climax du conflit sur les retraites et marquée par une hausse fulgurante des tarifs de l’énergie.
Des Robins des bois mal masqués
« J’étais dans un état second », a tenté Jean-Philippe A., accusé de deux séries de dégradations et de vols sur des tableaux électriques, les 27 janvier et 3 février 2023, pour justifier son revirement. Cet employé d’Enedis de 39 ans, pull gris et lunette de vue, avait balancé lors de son séjour au commissariat nord le nom des deux autres prévenus. « Les policiers sont venus me chercher à 6 heures du matin. Je n’ai pas relu le procès-verbal d’audition. Les policiers m’ont dit : « tu signes et tu sors ». J’étais dans un état second », répète-t-il.
S’il reconnaît la dégradation de 52 concentrateurs et le vol de modems et de cartes SIM dans des tableaux électriques des quartiers nord, empêchant ainsi les coupures d’électricité à distance, notamment pour impayés, il ne reconnaît en revanche plus ses complices suspectés à l’audience. « Le tribunal appréciera », a soufflé à plusieurs reprises la présidente Mandana Samii, visiblement agacée de ce peu convaincant changement de version.
Ses collègues Mathias R., 26 ans, à qui l’on reproche une seule de ces deux séries de dégradations et Renaud H. secrétaire départemental de la section énergie de la CGT présenté comme l’instigateur de ces actions dans ce dossier, ont, eux, continué à nier. « Je ne me reconnais pas sur les photos », s’est contenté de commenter Mathias R., alors que des images de vidéosurveillance de la ville de Marseille et d’Enedis réquisitionnées par les enquêteurs le situent sur place et que son téléphone était coupé aux heures des dégradations d’après les fadettes, suggérant une préparation de l’action.
« Dépasser par la base » ?
Le responsable CGT, qui serait pour l’accusation le commanditaire de ces actions en fournissant notamment les clés de véhicules employés pour celles-ci, selon un relevé du logiciel interne qui enregistre les attributions de voitures d’intervention, a lui aussi réfuté toute implication et refusé de « condamner les actions » comme le lui demandait prestement un assesseur. « Il y avait des agents qui voulaient entreprendre des actions bien plus graves. Comme animateur syndical, on essaye de canaliser cette colère. Donc si vous pensez que qu’on a été dépassé par notre base, on peut dire oui », a expliqué Renaud H., 42 ans.
Une défense somme toute baroque, entre dénégations et revirements, qui semble agacer plus qu’elle ne convainc à l’audience. L’enjeu est pourtant important : le préjudice est estimé à 65.000 euros, plus 5.000 euros de préjudice moral. Pour les faits de vol aggravé par trois circonstances, la peine prévue peut aller jusqu’à dix ans de prison et 150.000 euros d’amende.
Dans ses réquisitions, le procureur a chargé les prévenus, « libres d’adopter le mode de défense qu’il leur plaît » et demandé six mois avec sursis contre Jean-Philippe A., dix mois avec sursis pour Renaud H. et deux, toujours avec sursis, contre Mathias R. Dans ses plaidoiries, la défense a d’abord rappelé les bénéfices records réalisés par la filière énergétique française en 2023 et le contexte d’un dialogue social impossible malgré des manifestations monstres. Cela avant de battre en brèche les aveux de Jean-Philippe A., qui n’avait pas été assisté d’un avocat, dénonçant en substance un dossier « monté » par les policiers, des conditions en garde à vue indignes et de réclamer, sur cette base, la relaxe pour tous. Le jugement a été mis en délibéré au 20 mars prochain.
Parutions:
Au crépuscule de la justice pénale,A voir et à lire. .
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Sociologie des institutions/Les institutions administratives/La sociologie du conseil d’état,Le livre .