BLOG DE LA CEDH : Lancement de CEDH AGORA

BLOG DE LA CEDH Lancement de CEDH AGORA

Nous avons rendu compte de l’événement en ligne sur la CEDH et l’ère du retour de bâton plus tôt cette semaine. ici. Cet événement servira également de lancement de la nouvelle plateforme européenne AGORA, initiée par Andrew Forde et soutenue, entre autres, par les éditeurs de ce blog. Veuillez trouver ci-dessous son article d’invité sur les idées derrière cette initiative et rejoignez lui et les conférenciers le 30 octobre en ligne.


Bucréer une nouvelle AGORA : une plateforme paneuropéenne pour des Débat sur les droits de l’homme

Andrew Forde, Université de la ville de Dublin

Dans la Grèce antique, une agora était un lieu où la démocratie était pratiquée, où les lois étaient débattues et où les citoyens pouvaient s’exprimer sur les questions qui les concernaient. Dans le brouillard des médias sociaux, le bruit des phrases politiques et la rapidité des cycles d’information modernes, nous avons parfois l’impression de perdre l’espace nécessaire à un débat rationnel, honnête et fondé sur des preuves sur des questions importantes qui affectent nos vies, telles que nos droits humains. Ou peut-être perdons-nous la perspective de comprendre pourquoi les droits sont importants dans nos économies avancées et nos démocraties matures ?

Malgré les horreurs de l’agression russe contre l’Ukraine, la plupart des Européens n’ont (heureusement) aucune expérience de la répression, de la guerre ou des systèmes autoritaires. Il est donc objectivement difficile d’imaginer un monde dans lequel nos droits seraient restreints, nos systèmes judiciaires injustes ou notre liberté d’expression restreinte. En vérité, pour l’écrasante majorité des gens, les droits de l’homme n’ont pas vraiment d’importance, précisément parce qu’ils sont essentiels, intégrés et efficaces.

Mais la liberté alimente la complaisance. Si nous laissons ensuite s’éroder les protections des droits de l’homme, de la démocratie et de l’État de droit, c’est toute la société qui en souffrira et il n’existe aucun moyen rapide de réparer les dommages causés par des choix politiques fondés sur de faux récits, de la désinformation ou motivés par des intérêts politiques à court terme.

Posture politique versus rupture idéologique

Récemment, le système européen des droits de l’homme a fait l’objet de réactions plus sévères que d’habitude, en particulier dans les discussions relatives à la migration. Dans plusieurs pays, la Cour européenne des droits de l’homme est accusée de détournement de sa mission, tandis que d’autres prétendent qu’elle limite la souveraineté.

Les réactions négatives ne sont pas inhabituelles ; elles constituent en fait une caractéristique tout à fait normale de la problématique des droits de l’homme et du travail du Conseil de l’Europe (CdE). Le système européen des droits de l’homme est collégial mais fondé sur des principes, ce qui suscite parfois des tensions, même s’il s’efforce de souligner le principe de subsidiarité et la doctrine de la marge d’appréciation. Tout comme faire du vélo, il ne peut y avoir de réel progrès sans quelques frictions.

Malgré cela, les derniers mois ont été qualitativement différents, certains États suggérant une approche sélective des normes, tandis que d’autres ont fait du retrait de la CEDH une idée dominante. Les deux idées semblent politiquement séduisantes, mais manquent de fondement juridique, normatif ou d’opinion publique convaincant. Les États ont le droit de discuter des systèmes dont ils sont les gardiens, tout comme les tribunaux ont le droit d’être judiciairement indépendants des gouvernements, principe fondamental de la séparation des pouvoirs. Cependant, les choses semblent devenir floues. Les États font ouvertement pression sur la Cour pour qu’elle adopte des approches toujours plus conservatrices, tout en évitant un débat approfondi et fondé sur des preuves sur leurs principales préoccupations et les faits réels. S’agit-il d’une posture politique ou est-elle révélatrice d’une rupture idéologique plus large avec les valeurs fondamentales qui sous-tendent le Conseil de l’Europe ?

Quel que soit le diagnostic, ce qui est clair est qu’il est urgent d’engager un nouveau débat ouvert sur la CEDH, et nous devons l’encourager activement. Ce n’est que par la discussion que nous pourrons nous rappeler l’importance fondamentale de ces normes pour nous tous et favoriser le renouveau.

Lancement du Groupe AGORA

C’est en partie la raison pour laquelle le nouveau groupe AGORA a été créé en tant que plateforme paneuropéenne indépendante engagée dans un dialogue ouvert et un débat équilibré et fondé sur des preuves sur les questions clés concernant la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH). Des centaines d’universitaires et de praticiens se sont inscrits jusqu’à présent, représentant les 46 États membres, et ce nombre augmente de jour en jour.

Rejoignez-nous le 30 octobre pour notre premier symposium en ligne du groupe AGORA sur « L’ère des réactions négatives – La Convention européenne des droits de l’homme et la nouvelle réalité politique ». L’événement marquera également le lancement officiel du nouveau groupe AGORA. Toute personne intéressée par un système européen des droits de l’homme adapté à ses objectifs est la bienvenue.

Author: Isabelle LOUBEAU