Sur le web : « Mayotte est une poudrière », affirme la vice-présidente du tribunal judiciaire de Mamoudzou

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Ce « papier », dont la thématique est « la justice », vient d’être identifié sur le web, notre rédaction est heureuse de vous en produire l’essentiel ci-dessous.

Son titre suggestif (« Mayotte est une poudrière », affirme la vice-présidente du tribunal judiciaire de Mamoudzou) est sans détour.

Présenté sous le nom «d’anonymat
», le journaliste est reconnu comme quelqu’un de sérieux.

Vous pouvez lire ces révélations en confiance.

L’article source mentionné :

Chantal Combeau.


Chantal Combeau.

Pascal Bats

Décidée par le ministère de l’Intérieur, l’opération « Wuambushu » qui vise à expulser les Comoriens sans papiers de Mayotte doit aussi répondre à la violence qui gangrène l’île. Comment se caractérise cette délinquance ?

Elle prend différentes formes. D’abord, celle d’affrontement entre bandes rivales. Ce sont des jeunes de 18 à 22 ans qui s’affrontent à coups de machettes, des « chumbo ». Avec cette particularité qu’ici, c’est aussi un outil. Tout le monde en a, ainsi que des couteaux. La chance de l’île, si l’on peut dire, c’est qu’il n’y a pas d’armes à feu. Il est arrivé que ces bandes entrent dans les lycées avec…

Chantal Combeau.


Chantal Combeau.

Pascal Bats

Décidée par le ministère de l’Intérieur, l’opération « Wuambushu » qui vise à expulser les Comoriens sans papiers de Mayotte doit aussi répondre à la violence qui gangrène l’île. Comment se caractérise cette délinquance ?

Elle prend différentes formes. D’abord, celle d’affrontement entre bandes rivales. Ce sont des jeunes de 18 à 22 ans qui s’affrontent à coups de machettes, des « chumbo ». Avec cette particularité qu’ici, c’est aussi un outil. Tout le monde en a, ainsi que des couteaux. La chance de l’île, si l’on peut dire, c’est qu’il n’y a pas d’armes à feu. Il est arrivé que ces bandes entrent dans les lycées avec leurs machettes pour se venger d’un élève. En plus de ces règlements de compte, les forces de l’ordre sont aussi prises pour cible. Elles sont très régulièrement « caillassées » avec des morceaux de parpaings. Enfin, il y a les barrages routiers avec des arbres posés en travers de la route. Une fois les voitures arrêtées, les passagers sont rackettés, là encore, sous la menace de jeunes armés de coupe-coupe.

Qui sont les auteurs de ces violences ? Les réfugiés comoriens ?

C’est comme ça que les Mahorais voient les choses, mais ce n’est pas aussi simple. À la lueur des dossiers que nous traitons, je dirai que ces violences sont pour moitié le fait de Comoriens, dont une majorité de sans-papiers, et pour moitié le fait de Mahorais. C’est une proportion que l’on retrouve à la prison de Mayotte. Quant aux motifs de ces violences, la plupart du temps ils sont futiles, stupides. Ce n’est pas une excuse, mais ces jeunes sont dans une impasse sociale absolue.

« Ici, tout le monde connaît quelqu’un qui s’est fait agresser »

Peut-on parler de violence endémique ?

Oui. Mais la situation est plus complexe qu’il n’y paraît. Car cette violence est aussi caractérisée par les représailles des Mahorais contre les Comoriens. Ça arrive fréquemment. Les Mahorais assument de se faire justice eux-mêmes. Une affaire de ce type est en cours d’instruction. Deux jeunes comoriens qui avaient volé des téléphones portables ont été retrouvés par des Mahorais. On sait que l’un a été brûlé. Pour l’autre, on n’a pas retrouvé son corps. Et quand un des suspects a été mis en examen, tout le village est venu le soutenir au tribunal.

Selon les statistiques de l’Insee, le sentiment d’insécurité à Mayotte dépasse de loin tout ce que l’on connaît en métropole. Vous confirmez ?

Oui. Ici, tout le monde connaît quelqu’un qui s’est fait agresser. Ce sentiment est une réalité. Au-delà des agressions, les cambriolages sont aussi fréquents, y compris en présence des occupants.

Mayotte a tout d’une poudrière ?

Oui. Mais Mayotte est d’abord une poudrière démographique. Si les Mahorais sont si exaspérés, c’est parce qu’ils n’ont plus accès à l’école, plus accès au service public. Il y a tellement de monde sur cette île qu’ils ont un sentiment d’envahissement. On a atteint les limites. Les Mahorais sont à bout et ils ont peur. Et en même temps, ils sont ambivalents : ils font aussi construire leur maison par des Comoriens et emploient des nounous comoriennes en situation irrégulière payées 2 euros de l’heure…

« Mayotte est une fiction non crédible et ça rend fou sur l’île »

Les Mahorais soutiennent largement cette opération « Wuambushu » qui vise à détruire des bidonvilles pour lutter contre l’immigration illégale. Mais cela peut-il entraîner un regain de violences ?

C’est à craindre. Il faut comprendre que l’attente des Mahorais est telle que si l’opération est un échec, la violence pourrait venir d’eux. Et si l’opération se poursuit, la violence pourrait venir des personnes « décasées ». La condition des Comoriens en situation irrégulière peut se résumer ainsi : ils n’ont pas d’avenir aux Comores et Mayotte n’a rien à leur offrir. Dans les esprits, c’est un camp contre l’autre. Mais dans les faits, les affrontements entre bandes ne sont pas ethniques, ce n’est pas les Mahorais contre les Comoriens. Ce sont des affrontements entre villages avec, d’un côté, des Mahorais et des Comoriens et, de l’autre, des Mahorais et des Comoriens…

Le 24 avril, on a pu mesurer tout le côté explosif de la situation. Salime Mdéré, le vice-président du conseil départemental de Mayotte, a déclaré à propos de ces jeunes délinquants qu’il fallait « peut-être en tuer ». En tant que magistrate comment avez-vous réagi ?

Comme magistrate et citoyenne, ces propos sont un scandale total. Un vice-président du Conseil départemental a appelé à tuer des gens… Mais c’est aussi le reflet d’un sentiment qui existe, il y a une clientèle pour entendre ça. C’est pour ça que c’est une poudrière.

Le 25 avril, le tribunal judiciaire de Mamoudzou a suspendu l’évacuation d’un bidonville qui devait lancer cette opération « Wuambushu ». Le député LR de Mayotte Mansour Kamardine a dénoncé « le manque de neutralité » de la justice. C’est un signe de plus de l’extrême tension sur l’île…

Ces propos sont aussi scandaleux. Non seulement il est député, mais en plus, il est avocat. On ne critique pas une décision de justice. Il flatte un électorat et là encore, il y a un auditoire. Mais il joue avec le feu.

Malgré ce sombre tableau, comment croire en cette île ?

Mayotte, c’est une fiction non crédible. Et ça rend fou sur l’île. Tout le monde fait semblant que c’est un département français comme les autres alors que non : ce n’est pas un département français comme les autres. Il y a un énormément de lois dérogatoires. Un exemple : dans le cadre d’une affaire de violences conjugales, j’ai imposé une interdiction de contact avec la victime. Mais dans sa plaidoirie, l’avocat a expliqué que le couple était marié selon le droit local. Donc tant que le mari n’aura pas répudié sa femme, ils se verront. Ces deux systèmes cohabitent. C’est à la France de faire en sorte que cette fiction devienne crédible. Mais cette île a des ressources. Et s’il y a de la violence, il y a aussi une vraie chaleur. C’est tout le mystère et la beauté de Mayotte.

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